Lisant La Virevolte de Nancy Huston, et me remémorant Nous sommes éternels de Pierrette Fleutiaux, j’ai été de nouveau frappé par la corporéité des personnages et des narrations, cette relation au corps complètement intégrée à l’existence, et qui ne me semble exister que chez des femmes écrivains.

Il y a autre chose encore. Les deux romans traitent de danseuses, et pour les deux personnages principaux, la danse est décrit comme l’épanouissement réel de l’être, comme si ce que le corps (et l’être entier) devient pendant la danse était ce à quoi tout corps (et tout être) est promis, comme son accomplissement et son épanouissement ultime.

En bref, pour ces deux femmes (les héroïnes des deux romans), la danse est la vocation de l’être.

J’ai le sentiment que, pour ma part, si je faisais de la danse, je vivrais chaque nouveau mouvement, chaque prouesse, comme une victoire personnelle sur mon corps, comme une victoire sur des obstacles, victoire issue de contraintes que je me serais imposé dans un noble objectif. Le plaisir ne serait pas dans la danse, dans le mouvement, dans la grâce, mais dans cette victoire même.

Le Christ nous dit que nous sommes tous appelés à la sainteté.

Et il est deux manières de voir cet appel : soit comme un noble objectif, qui ne s’obtient que par des contraintes toujours croissantes pour apprendre à plier ma propre volonté ;

ou comme la vocation évidente de ma vie.

Je souhaite pouvoir le vivre ainsi. Et il est certain que ce n’est pas à autre chose que le Christ m’invite.